Les larmes sur la table : pourquoi les émotions surgissent pendant un massage

Vous êtes bien installé sur la table de massage. Vos muscles se détendent, votre respiration s’approfondit… et soudain, sans prévenir, les larmes coulent. Ou encore, un fou rire éclate, un soupir long et profond sort de votre poitrine. Ces réactions peuvent surprendre, mais elles sont en réalité beaucoup plus fréquentes qu’on ne le pense.

Un relâchement naturel du corps

Le massage n’agit pas seulement sur les tensions musculaires. Il vient aussi stimuler le système nerveux, la respiration et parfois même des zones du corps où sont logées des émotions anciennes. Quand ces tensions se relâchent, il est normal que des émotions associées émergent. Ce n’est pas un signe de faiblesse : c’est simplement le corps qui retrouve un équilibre.

Les émotions stockées dans les tissus

Certaines expériences de vie, agréables ou difficiles, laissent des traces dans notre corps. Le stress, les pertes, les blessures physiques ou psychologiques s’impriment parfois dans la mémoire tissulaire. Le toucher bienveillant agit comme un déclencheur : il peut réveiller une mémoire oubliée, comme si la peau, les muscles et le système nerveux se souvenaient de ce qui a été vécu.

Mon ressenti dans ma pratique

Dans ma pratique, il m’arrive souvent de ressentir les états d’âme des clients. Je ne parle pas ici d’ésotérisme ni de “sixième sens”, mais simplement d’observations très concrètes : une respiration qui change, un regard qui devient humide, un corps qui se crispe ou au contraire qui s’abandonne. Parfois, un petit mot glissé par la personne me met aussi sur la piste.

Quand je perçois ces signaux, je travaille avec cet état. J’utilise ce que la personne me donne comme réaction physique — un souffle, une tension, un mouvement subtil — pour l’accompagner dans ce processus. C’est souvent suffisant pour que le corps ose relâcher ce qu’il retient depuis trop longtemps.

Un exemple concret

Avec une cliente en particulier, j’ai senti qu’elle s’épuisait à tourner en rond dans ses pensées. Dans ce moment-là, je lui ai dit simplement : « Cesse de te poser des questions auxquelles tu n’as pas de réponses en ce moment. Sois dans le moment présent. » Puis je l’ai invitée, à l’aide de mes techniques et de petits trucs développés au fil du temps, à revenir dans cet instant. Dans ce moment précis, c’était exactement ce dont elle avait besoin pour arrêter de chercher l’incompréhensible et enfin relâcher plus facilement.

Un processus sain et réparateur

Pleurer, rire ou ressentir une vague d’émotion durant un massage, ce n’est pas anormal. Au contraire, c’est souvent le signe que le corps se libère de tensions qu’il n’a plus besoin de garder. C’est une étape naturelle du processus d’équilibre, un peu comme si l’on faisait de la place pour de nouvelles sensations de légèreté et de mieux-être.

Le rôle du massothérapeute

Beaucoup de massothérapeutes n’osent pas aller dans cet espace émotionnel parce qu’ils ne s’y sentent pas outillés. Pour ma part, j’ai appris à y travailler, toujours dans le respect de mes compétences. Je ne suis ni psychologue ni psychiatre. Je reste massothérapeute, avec mes outils, mais aussi avec mon ressenti humain. Et souvent, cela suffit pour permettre à une personne de déposer un fardeau.

Mon rôle n’est pas de juger ni d’interpréter les émotions, mais de les accueillir et d’accompagner le relâchement. Que vous ayez envie de parler ou de rester en silence, l’important est que vous vous sentiez en sécurité. Vous n’avez pas à retenir vos larmes ou vos rires : laissez simplement le corps s’exprimer.

Message à retenir : Les émotions qui surgissent pendant un massage ne sont pas une faiblesse. Elles sont la preuve que le corps retrouve peu à peu sa capacité naturelle à libérer et à guérir.

Benoît Racine,

Massothérapeute

Retour en haut